Le périple de Donald

Depuis bientôt 10 ans je vivais à Paris et les Week-Ends de locations que j'avais pu faire au cours des deux ou trois années précédentes avaient réveillé mes envies de voyages en bateau, restés inassouvis depuis que j'avais quitté la Marine et la Bretagne au milieu des années soixante dix. E-Bay commencait à être connu et on y faisait de belles affaires... C'est ainsi que, un peu par hasard, je me suis retrouvé propriétaire de Donald et que je décidais de le ramener en Bretagne.

Un site, que j'ai fait l'hiver suivant, présente Donald et raconte en photos cette petite aventure estivale. Soyez indulgent, il est d'époque. De la Méditerranée à la Manche - Le voyage de Donald

Le diaporama ci-dessous présente juste quelques images de ce vagabondage.

Dans les pages suivantes je raconte quelques anecdotes qui ont émaillé ce vagabondage sur les côtes de France.

Le Gwenn ha Du à Bègles

PortiragnesDonald a tracé sa route entre La Ciotat et Sètes, traversé le Canal du midi et l'anecdote commence à l'écluse de Castets-en-Dorthe à l'entrée de la Garonne. Sans doute un peu optimiste, j'étais parti sans carte de la partie Ouest du trajet. J'avais du temps devant moi, enfin le pensais-je. A ma grande surprise je devais passé cette dernière écluse sans avoir pu trouver, dans aucun des ports et villes traversés sur le canal, de cartes de la Garonne et de la Gironde.
J'avais quand même à bord un guide de navigation et l'horaire de marées mais pour ce qui est de l'emplacement réel du chenal cela reste bien faible. Tant pis, je commence à bien connaître Donald et je fais confiance à ma capacité à lire le paysage. Je quitte donc les eaux calmes du canal à peine inquiet, pensant que le soir même à Bègles, je trouverai bien cette satanée carte de la Gironde.
La descente de la Garonne ne sera pas si simple, le jus est énorme, cela va très vite et les marques sont peu nombreuses. Je me rends compte assez vite que si je dois faire demi-tour, ce sera très hasardeux. Le 9 ch Renault couach de Donald serait un peu juste pour remonter ses 2 tonnes bien tassées à contre courant et je dois respecter mon plan de navigation qui prévoie l'arrivée à Bègles à l'heure de l'étal. Je me loupe pourtant au niveau de l’île de la Landes,qu'il faut laisser à babord en descendant, perds 20 minutes pour faire 300 mètres à contre-sens mais l'honneur est sauf et l'horaire pas trop entamé. Je remercie au passage la marinière qui de la proue de sa péniche, amarrée au minuscule port de Hourtin, m'a averti à grands signes de bras au ciel que je me fourvoyais. J'arrive donc à Bègles à peine en retard, la renverse commence tout juste et j'arrive à accoster sans trop de problème. Heureusement quand même que nous étions 2 à bords. Le Port de Bègles est particulier, il n'est pas du tout protégé du courant et en dehors de l'étal, l'accostage est très délicat. J'allais m'en rendre compte quelques minutes plus tard.
Le temps de peaufiner notre amarrage, de boire un coup pour nous remettre de nos émotions, le courant s'était totalement inversé avec la marée montante et nous attendions le mascaret quand nous voyons rentrer à tout allure dans le port un petit pêche promenade avec à bord un couple assez âgé qui semblait totalement dépassé.
Le petit voilier se met en travers du courant, se colle contre le ponton flottant et commence à vouloir passer dessous. Avec mon ami nous nous précipitons vers le canot en train de se remplir d'eau. Après avoir aidé les passagers, qui ne maîtrisaientt plus rien, à remonter sur le ponton, nous tentons de stabiliser et d'amarrer le bateau. Le capitaine du port arrive alors en courant et à trois, nous arrivons à stopper le processus de retournement. Quelques seaux d'eau par dessus bord plus tard, le bateau est amarré correctement et le couple trempé est rentré chez lui. Nous invitons le capitaine à boire un coup à bord (que d'émotions) et j'en profite pour lui conter mes problèmes de cartes. Il m'annonce que je ne trouverai pas ça à Bègles. Je suis un peu dépité mais la journée étant du coup bien avancée je remet mes réflexions à plus tard.
Le port de Bègles

 

Le lendemain matin, mon équipier est parti pour rejoindre Paris et alors que je bois le café, essayant d'imaginer un arrêt à Bordeaux avec le peu d'info à ma disposition, arrive le capitaine du port qui me tend un petit sac et me dit:
Vous pensez bien vous arrêter à Pauillac ? Voilà mes cartes et mon guide sur la Gironde. Vous les rendrez au Capitaine du port, c'est un bon copain!
En quittant le bord, il me fait un clin d'oeil et lance en me montrant la poupe de Donald, c'est à cause du Gwenn ha Du. Je suis breton et c'est pas tous les jours que j'en vois par ici.
Je l'en remercie encore car, sans sa contribution cartographique, l'étape jusqu'à Pauillac aurait été bien hasardeuse, voir inconsciente.

C'était là ma première navigation en estuaire, j'en avais un peu sous-estimé les contraintes, mais je sais maintenant que  la Garonne et la Gironde demandent autant de préparation et d'attention que les étapes maritimes.

A suivre, un pigeon voyageur s'invite à bord de Donald.

Un pigeon s'invite à bord

Donald à RoyansAprès avoir quitté Bègles en solitaire et fait escale à Pauillac puis à Port Médoc alors tout neuf et quasi désert, j'ai traversé la Gironde pour remater à Royan et attendre la bonne fenêtre météo pour me lancer dans la remonté du golfe de Gascogne. Toute la descente de l'estuaire a été très inconfortable, Donald a énormément tapé dans le gros clapot soulevé par le vent de nord-ouest qui n'a pas cessé de me souffler dans le nez.

Depuis plusieurs jours, ce fort Noroît toujours bien établi et la prudence m'ont empêché de quitter la marina et l'embouchure de la Gironde avec mon petit voilier.
L'arrivée de mon ami Ronan et le passage prévu pour quelques heures du vent au Nord-Est nous ont permis de larguer les amarres pour une petite étape jusqu'à St Denis d'Oléron.
Nous voilà donc parti pour un grand bord de près jusqu'au environs de Chassiron.
A peine passé le phare de la Coubre, le nordet sans être tempétueux souffle très correctement, un bon force 4, peut-être 5. Tout va bien. Il n'y a personne sur l'eau autour de nous et on regarde les goélands jouer dans la brise au ras des vagues qui moutonnent un peu. Soudain un drôle de bruit attire notre attention vers le haut du mât.
A notre grande surprise un pigeon tente de se poser sur la pointe de notre grand voile. Il n'y arrive pas, bien sur, mais refait le tour du bateau plusieurs fois, essayant régulièrement d'en accrocher la chute. Croyez le ou non, à force de vouloir se percher sur cette chute, c'est lui qui a chuté au beau milieu du cockpit.
Un peu affolé quand même il se précipite sur le roof et nous regarde l’œil un peu inquiet. Un ange passe, on sent qu'il hésite, mais il fini par prendre son envole et se dirige vers le nord-est. Pile poile le zéphire dans le nez, ou plutôt dans le bec. On sent qu'il est fatigué, il a du mal à s'élever, le battement d'ailes est lourd.
Pigeon à bord

Finalement, la tentative pour reprendre sa route est courte, très vite il se ravise, fait le tour du bateau et se repose plus ou moins élégamment sur le roof courbe et glissant de donald. La chose est entendue, le vent est trop fort pour les forces qui lui restent. Il se cale comme il peut et nous observe du coin de son oeil rond. Si, si, je vous l'assure son oeil quoique rond, avait un coin.
Au bout d'un certain temps, un bol d'eau douce et quelques miettes de pains plus tard, nous avions fait ami-ami avec notre passager.
Il restera avec nous jusqu'à ce que nous fassions cap au sud pour rejoindre St Denis.
Je ne sais pas d'où était parti ce pigeon voyageur, mais ce qui est certain, c'est qu'il était à bout de force, que finalement, nous l'avons trouvé très sympa et que nous fûmes content de le dépanner. Ronan lui a même pardonné la vilaine trace blanche et noire qu'il a laissé en guise de souvenir sur son pantalon.

J'ai appris plus tard, qu'un pigeon avait élu domicile au ponton 4 du port de La Rochelle. C'est peut-être le même qui, suite à cette aventure, a décidé d'abandonner son nom de voyageur.

Le port de St Denis est bondé. Dès le lendemain Ronan fera avec moi la prochaine étape jusqu'aux Sables d'Olonnes d'où il reprendra la route vers la capitale. J'y attendrai quelques jours mes prochains équipiers.

 

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